mardi 25 août 2009

Analyse pseudopsychanalytique du Stambouliote

Hé oui! Il faut bien une chronique un peu plus sérieuse de temps en temps, et aujourd'hui nous allons tenter de réaliser le rêve de bien des gens en tentant de comprendre la psyché des Stambouliotes. Évidemment, cette analyse est somme toute limitée vu qu'on m'a déjà dit de restreindre mes élans littéraires, et que mes bases en psychologie sont à toutes fins pratiques nulles - tout ce que j'en sais est ce que mon amie psychologue a bien voulu m'en dire, même si elle n'a jamais voulu me faire part de son diagnostic à mon égard de peur probablement que je le prenne mal.
Tout d'abord, le premier côté le plus marquant de l'habitant d'Istanbul est sa gentillesse. Même les vendeurs qui, comme dans plusieurs autres villes, nous abordent afin de nous vendre des gogosses sont sympathiques, et acceptent sans nécessairement pousser trop loin l'audace lorsque nous refusons de visiter leur échoppe ou leur estaminet. Les invitations à prendre un Chaï (le thé arabe) ou un repas fusent souvent de partout, mais de toute évidence plus souvent lorsqu'on est du sexe féminin. Le Stambouliote semble généralement fort galant, selon les gentes dames qui ont eu l'expérience de cette ville et avec qui j'ai pu en parler, les femmes étant plus réservées avec les hommes.


Le Stambouliote se contente de son ti-peu (dixit Ding et Dong), comme l'atteste le gros lot de la semaine

Par souci d'esprit de contradiction, toutefois, le Stambouliote manque totalement de courtoisie lorsqu'il est en mouvement. Les conducteurs roulent comme des fous, collent les piétons qui traversent la rue, klaxonnent les voitures qui les précèdent même si de toute évidence la seule façon d'avancer est de rouler sur un piéton ou une autre voiture, traversent systématiquement les intersections même si la lumière est jaune et que la voiture qui les précèdent bloque déjà la rue.



Motocycliste empruntant le trottoir afin d'éviter le trafic tout en bousculant les piétons

Les piétons? Guère mieux! Ils traversent la rue alors que la lumière est rouge et ce, même si des voitures ou des camions s'amènent à toute allure, et marchent en ligne droite sans tenter de se tasser le moins du monde même sur les rues les plus achalandées, créant ainsi moult percussions...et ceci que la personne en face d'eux soit un homme ou une femme (d'ailleurs les femmes non plus ne se tassent pas).

Personnellement, au début je me tassais mais je restreint maintenant mon mouvement à la moitié du chemin. Généralement s'ensuit un simple frottement d'épaule à épaule, mais il arrive que le choc est plus violent. Vu mon gabarit, je ne suis nécessairement celui qui revole le plus loin. Respectant les us et coutumes locals, je ne me retourne plus pour voir l'état des dommages et m'excuser sauf en cas d'impact majeur. Je me tasse quand même devant les motos.

Le Stambouliote a également une tendance à manifester sur les rues très achalandées, qui pour une grève, qui pour étayer sa joie devant la victoire de leur équipe de football favorite - Istanbul compte 3 équipes de haut calibre. Les autorités sont toutefois fort prévoyantes, et de nombreux policiers sont généralement déployés sur ce grand boulevard urbain qu'est Istiklal (imaginez un St-Denis piétonnier dont la zone intéressant est à peu près 10 fois plus longues, et dont les rues avoisinantes foisonnent de restaurants, pubs et bars tous plus intéressants les uns que les autres et vous commencez à avoir une vague idée de l'endroit). L'équipement policier est d'ailleurs fort intéressant - 3 sortes différentes de mitraillettes, des autobus grillagés, des boucliers anti-émeutes et un véhicule ressemblant plutôt à un bulldozer permettant de pousser les manifestants sont généralement prêts à intervenir en cas de pépin.


Véhicule policier en plein travail de dissémination d'une foule en liesse devant mon approche. On remarque le nez du véhicule, qui est mobile

Notez toutefois que grâce à cet étalage des forces de l'ordre (ou malgré), les manifestants que nous avons croisés sont plutôt disciplinés et ne font que scander des chants plus ou moins socialistes (je ne peux pas vous le dire avec précision puisque je ne parle que peu le Turc). J'ai bien eu envie de crier "S0-So-So! Solidarité!" comme dans le temps du Cégep, mais j'ai su m'abstenir.

Foule demandant la libération des anciens Felquistes

Ce weekend, nous sommes allés voir les anciennes murailles qui entouraient la ville de Constantinople. Quoiqu'impressionnantes, je dois avouer que nous sommes légèrement restés sur notre faim puisque l'aménagement est limité - pas de panneaux explicatifs, peu d'endroits pour marcher sur ou à l'intérieur des murs...il reste que l'ingéniosité de l'époque était très élevée. Nous n'avons donc visité que la moitié des 6,5 km de murs.


Nous avons pu également aller voir l'aqueduc romain qui alimentait la ville (et la citerne de la semaine dernière) en eau fraîche. Encore là, les ingénieurs romains auraient probablement pu expliquer aux ingénieurs civils québécois comment bâtir des structures pouvant durer plus de 20 ans sans s'effondrer (et non, il n'a pas tenu debout pendant 1500 ans...l'aqueduc a été reconstruit plusieurs fois).


Nous avons fini le tout dans un resto qui offre son menu dans 7 ou 8 langues, dont le Français. Le kilo de crevettes à 90$ US (les crevettes sont apparemment des lobsters), et un superbe choix de pieds de pégures. Les biftecks deviennent également des escalopes de veau.

D'ailleurs, est-ce que quelqu'un peut me dire ce que sont que des pégures? Une gogosse turque à l'enjeux! Mes collègues qui sont sur place ne sont pas elligibles...Je vous suggère de faire vite vu que frérot a la gachette rapide!

mardi 18 août 2009

Istanbul Underground et autres facéties

Le weekend a été vite passé. Tout d'abord, samedi dernier ma collègue et moi avons décidé de visiter la citerne sous la basilique Stoa, près de Sultanahmet. L'endroit est gigantesque et fort impressionnant, avec plus de 300 colonnes et près de 10 000 mètres carrés en superficie, et contenait apparemment 80 000 mètres cubes d'eau. L'endroit a été redécouvert parce que des Stambouliotes pouvaient récupérer de l'eau fraîche en faisant descendre un saut par un trou dans leur plancher de maison - certains pêchaient (il y a plein de carpes dans la citerne).

Vue des colonnes de la citerne de la basilique



Tête de méduse sous la basilique. Il y en a un 2e, qui est complètement à l'envers. Je subodore que le col bleu qui l'a mis s'est fait parler dans le casque (du genre qu'Obélix affectionne) et qu'il a répondu à son superviseur "Fais-le donc toi-même!". Ledit superviseur a dû penser qu'il allait y avoir 10 mètres d'eau par-dessus et que personne le verrait anyway.


J'ai suivi cette visite par l'exploration du musée d'archéologie local, qui est très bien. Il est surtout vraiment bien doté en pièces locales et égyptiennes. Il y a même le sarcophage d'un général macédonien d'Alexandre le Grand avec de magnifiques reliefs relatant les conquêtes d'Alex.

J'ai également pu visiter le Grand Bazaar, un espèce d'immense centre d'achat à l'époque à ciel ouvert, mais maintenant couvert - c'est comme si on avait transformé le DIX30 de Brossard en gigantesque Mail Champlain, mais avec des échoppes au lieu de magasins à grande superficie...évidemment, pas question de conduire en voiture entre les magasins. C'est aussi l'endroit idéal si on veut se faire arnaquer lorsqu'on aime pas trop négocier.


Rue du Grand Bazaar. On peut voir que les toits sont bien décorés.

Dimanche, nous avons amené nos Afghans faire quelque chose de nouveau: du patin à glace. J'ai donc dû aider mes 5 amis à patiner...pour vous donner une idée, je pense que j'ai fait du matin au maximum 10 fois dans ma vie, alors la qualité de l'enseignement laissait probablement à désirer. Je ne suis même pas capable de breaker correctement! Mais bon, comme je faisais une chose mieux qu'eux (soit avancer sans me péter la fiole à chaque 3 mètres), j'ai dû leur montrer comment faire. Au moins ils ont aimé l'expérience et veulent y retourner pour peaufiner leur technique...j'imagine que ça ne prendra pas beaucoup de temps avant que l'élève ne dépasse le maître. Nous avons suivi ça avec du bowling lors duquel j'ai fait fort mauvaise figure, finissant 4e sur 9, alors que nous étions 2 à avoir déjà joué.


L'apprentissage est parfois un processus douloureux...

...mais c'est si réconfortant quand on réussit à vaincre l'adversité!


Pour terminer, voici quelques nouvelles photos que j'aime bien.

La mosquée de Sultanahmet (la mosquée bleue), à vol d'oiseau

Aya Sofia, vu du même oiseau

Aya Sofia by Night.

dimanche 9 août 2009

De la splendeur ottomane et autres coquetteries

La semaine s'est bien déroulée, alternant au boulot les séances de travail sur le design de l'application et des présentations, par les Afghans, des fonctionnalités du système pour les aider à peaufiner leur capacité à donner eux-mêmes de la formation plus tard, et les soirées alternant les restaurants turques, ottomans, chinois et japonais pour tenter de varier un peu l'alimentation qui, il faut bien le dire, est légèrement à court de légumes mis à part les concombres, les tomates et le choux.
Samedi, j'ai profité de ma journée de liberté pour me rendre à pied jusqu'au Palais Topkapi, qui reste à ce jour l'un des plus beaux exemples de l'opulence ottomane. En grande partie bâti sous le sultanat de Suleyman le magnifique, le palais est fascinant avec ses trésors (dont l'un des plus gros diamants du monde) et ses salles affichant de superbes céramiques d'origine.




Portrait de Suleyman le Magnifique (ref. Civilization)


Extérieur de la salle du Conseil impérial, Palais de Topkapi


La partie la plus belle est le harem, malheureusement vidé de ses constituantes, mais toujours décorée avec des céramiques, des salles de bain avec de la robinetterie en or, et sa toilette turque.

Salle des concubines du Harem du Palais de Topkapi


Chiottes de Soleyman le Magnifique

Je suis aussi allé jusqu'à la Mosquée bâtie par Suleyman, qui est encore plus belle que celle de Sultanahmet mais qui, malheureusement, subie actuellement d'importantes rénovations et est à 80% non visitable. La marche a cependant été intéressante, alternant des rues complètement désertes à d'autres presqu'infranchissables tellement il y avait de gens.



Rue relativement passante, pas très loin du Grand Bazaar

Charmant troquet nous permettant de nous sentir cheu-nous, comme qu'on dit. Merci à ma collègue qui a découvert l'endroit.


Aujourd'hui (dimanche), je suis parti avec mes cinq afghans et le gestionnaire de projet de notre partenaire britannique (le sud-africain dont je parlais la semaine dernière) sur une plage de la mer noire. Ayant généralement vu des plages de galets sur la Méditerranée, je m'attendais à un peu à ça. Surprise, une belle plage de sable nous attendait à Kilyos, pas très loin de l'embouchure du Bosphore.


Plage de Kilyos sur la mer Noire

Nos amis afghans ont essentiellement disparu dans l'eau pour l'essentiel de la journée même s'ils ne savent pas nager - il faut bien le dire, à Kaboul il n'y a pas beaucoup d'endroit pour aller se baigner. C'est fantastique de les voir, découvrant pour la première fois de leur vie tellement de choses (la plage, les vagues, les bâteaux qui attendent patiemment leur tour pour entrer dans le Bosphore, les filles en bikini). J'imagine que la formation qu'on leur donne est la chose qu'ils vont le moins se rappeler lorsqu'ils seront de retour dans leur pays.

Rare photo de votre fidèle serviteur en compagnie de la mer Noire

dimanche 2 août 2009

Les Sarrasins! Les Sarrasins! Dans une carriole toute ferrée!

Après une longue pause de près de 2 mois, me voici donc reparti vers de lointaines contrées. Cette fois-ci, ma mission est tout ce qu'on peut considérer d'habituel: il s'agit simplement de donner de la formation à 5 Afghans, 1 hollandais et un Sud-Africain sur les rudiments de l'application que ma firme implante (j'étans un de ses outils pour ce faire) et sur l'analyse des processus.

Bref, le vol d'aller a presque été sans anicroches, mis à part le fait qu'on (ma collègue et moi) avons failli manquer le vol vers Paris parce que vols partaient de la même porte en même temps et que je ne voyais que l'information sur le 2e vol (à l'avenir, méfiance!) et celui vers Istanbul parce que Air France n'a jamais cru bon d'informer vocalement ses passagers que l'embarquement était commencé.

Enfin bref, l'arrivée à Istanbul a été remarquée par une bouffée d'air chaud et une file d'attente impressionnante pour les douanes. Il fallait aussi acheter un visa à 60$ US - faut savoir que les visiteurs de tous les autres pays qui peuvent acheter le visa sur place doivent payer 15 0u 20$. L'hôtel est correct, avec une connection internet un peu erratique mais on m'a donné une suite alors je ne me plains pas trop.

Istanbul est une ville magnifique avec ses multiples mosquées et le Bosphore qui partage la Turquie en une partie européenne et une partie asiatique, et avec la Méditerranée au Sud et la Mer Noire au Nord. Aya Sofia, qui date du 6e siècle, est particulièrement impressionnante. J'ai donc pu visiter ladite Aya Sofia (ou Hagia Sophia, ou Sainte-Sophie), ainsi que la mosquée de Sultanahmet (connue aussi comme la mosquée bleue), le bazaar des épices et un tour de bateau sur le Bosphore.

Hagia Sophia, l'une des merveilles du monde antique (ref. Civilisation II)

Sultanahmet, du nom de son fondateur (le Sultan Ahmet I)

La nouvelle mosquée, Yeni Camii (construite en 1660)

Par contre le plus intéressant à date est de voir la réaction des Afghans, qui ne sont jamais sortis de leur pays auparavant. La Turquie étant un pays islamique très ouvert, il n'est pas rare de voir les femmes sans leur voile. Le plus comique a tout de même été une visite dans une restaurant où il y avait un show de danse, dont le baladi (la danse du ventre). Si trois d'entre eux ont apprécié le spectacle, deux ont trouvé ça complètement inapproprié et ont même refusé de regarder la femme qui se trémoussait devant eux.

Je ne veux quand même pas vous retenir plus longtemps. J'essaierai de vous raconter d'autres trucs un peu plus tard.


À Istanbul on vend n'importe quoi dans la rue...ici du maïs, j'en ai vu un qui vendait des moules, un autre un petit pistolet à bulles de savon, de l'eau, etc.

Mais qu'est-ce que ce louche individu tente de receler aux pauvres touristes innocents? Approchons-nous pour mieux voir...

Puisque la mode est aux jeux questionnaires, je vous laisse deviner ce qu'il vend. Je ramène un truc à la première personne qui me donne la bonne réponse.